UN CADAVRE DANS LES ASPERGES ! Chapitre 10

Publié le par Gérard PIEL

UN CADAVRE DANS LES ASPERGES ! Chapitre 10

Un homme s'était présenté spontanément au commissariat, il avait lu la une de Nice Matin qui avait titré sur le corps congelé. 

- Je veux parler au policier qui dirige l'enquête sur le mort de l'aqueduc romain. 

- Ça ne va pas être possible ! 

- Vous avez tort de le prendre comme cela, j'ai des révélations à faire. 

C'est ainsi qu'Alexandre Policarte, retraité de la police nationale, "à qui on ne la fait pas" se retrouva face au capitaine. 

- Tous les matins je promène mon chien Scoubidou, un labrador retriever. Un jour vers l'aqueduc et le lendemain au Fort-Carré. Scoubidou a ses habitudes et croyez moi on ne peut pas le leurrer. Donc, mardi dernier c'était forêt, garé à six heures quarante cinq pétantes, il faut savoir que je me lève tous les matins à cinq heures et  tous les soirs à vingt heures extinctions des feux. Donc, je me gare le long du chemin des Trois moulins, Scoubidou se rafraîchie à sa gamelle, ça aussi je ne dois pas l'oublier et zou on est partis. J'ai soixante dix huit ans dont vingt et trois ans de retraite, cher monsieur et c'est mon troisième labrador ! 

- Excusez moi, mais si on en venait aux faits ! 

- Oui bien sûr, moi j'étais en poste à Lyon puis à Marseille et croyez-moi j'en ai des choses à.... 

- Les faits ! 

- Oui, donc on gambade un quart d'heure et on revient au berlingot pour qu'il se désaltère à la gamelle et moi à la gourde. Une Peugeot 5008, noire, magnifique, était stationnée à dix mètres derrière mon berlingot. Il y avait du monde à l'intérieur, je leur fais un signe de la main, pas de réponse, il y avait au moins deux personnes assises à l'avant, bonnet et lunettes noires, et peut-être une ou deux derrière. Qu'est-ce qu'ils faisaient là au moment où le soleil se levait ? J'ai trouvé ça bizarre.

- C'est tout ? 

- Non, on est repartis pour notre deuxième séance, celle des étirements, c'est surtout pour Scoubidou et quand on est revenus, ils étaient toujours dans leur véhicule, immobiles. J'ai pensé leur demander s'ils avaient besoin d'aide, mais vu leurs têtes, vous comprenez, je n'ai plus l'âge, je n'ai jamais été sur le terrain, j'étais dans les bureaux ! 

- Merci, c'était très important, vous nous avez bien aidé ! 

- Euh, mais ce n'est pas fini. Au volant, j'ai traîné avant de démarrer, ils ne bougeaient pas, alors j'ai copié leur numéro d'immatriculation et hop voilà le papier ! 

- Cher Alexandre, vous permettez que je vous appelle Alexandre, vous nous comblez, franchement pourquoi avoir passé toute votre carrière carrière confiné dans les bureaux, vous êtes un enquêteur né. C'est gâché. 

Jean-Paul Jorda était parti consulter les fichiers, Alexandre Policarte eut droit à quelques salamalecs supplémentaires avant de quitter le commissariat fier comme un Olivier Giroud après un but ! 

- Surtout vous ne divulguez pas mon identité ? 

- Comptez sur nous, on ne donne jamais nos informateurs. 

Raphaël Lombard cassa l'ambiance. 

- Il nous reste à espérer que cela ne soit pas une voiture volée. 

- Louise Maton apporta sa touche. 

- Tu as raison mais pourquoi avoir attendu que notre ancien collègue s'en aille pour bouger, ils pouvaient aller voir autre part ?

- Philippe Maris répondit :

- C'est qu'ils avaient choisi cet emplacement précisément, à proximité de chez Claudia.

- Tu veux dire qu'on lui a déposé son ex à sa porte, pression ou message ? 

- C'est une hypothèse Max, ou alors elle a choisi elle même l'endroit pour qu'il soit retrouvé avant décongélation ! 

- Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas par hasard que Mauro a atterri dans nos asperges ! 

Alors que la brigade partageait suppositions et doutes, Jean-Paul était de retour. 

- Le propriétaire de la Peugeot s'appelle Mathieu Bellec, il habite Saint-Jeannet, la voiture était neuve, il a été victime d'un home-jacking dans la nuit de samedi à dimanche, deux jours avant le retour de Tarin. On a retrouvé son traceur GPS, il avait été placé dans un autocar assurant la liaison Milan-Barcelone du coup, nos collègues n'ont rien pu faire ! 

Jean-Paul avait retrouvé la trace de la 5008 dans le FOVES, le fichier des objets et véhicules volés. Le malheureux propriétaire confirma que son garage avait été fracturé, et que le traceur GPS qui coûtait trois mille euros n'avait servi à rien. 

Max Mekloufi constata les dégâts, le travail était propre, un tournevis suffisait pour ouvrir la porte, Bollec n'avait rien entendu. 

Sur ce pessimiste constat, le groupe allait se séparer quand Alexandre Policarte entra de nouveau dans le commissariat. 

- Je viens de penser à un truc, il y a certainement des caméras de surveillance le long de l'autoroute, peut-être... 

- Merci Alexandre, vous voulez rejoindre la brigade, c'est cela ? 

- Non, non c'est pour aider ! 

- Vous nous avez déjà bien aidé, allez vous reposer. 

Le retraité parti en râlant, Maris désigna Raphaël pour vérifier les enregistrements de ces fameuses caméras, il demanda à Max d'aller fureter du côté de chez Claudia, Louise devait faire la même chose autour de chez Paul Tarin pendant que Jean-Paul triait les écoutes. La brigade devait se retrouver à vingt heures. 

- Heu, chef et toi tu te la coules douce ? 

- Sacré Max, je file chez le proc, ça te va ! 

- T'énerve pas capitaine ! 

Jean-Marc Martinez n'apprécie pas l'accueil que Maris avait réservé à l'aéroport au fils Tarin. 

Vous vous doutez que cette histoire fait des remous jusqu'à Paris. Monsieur Tarin n'est pas n'importe qui, sa disparition en pleine élection présidentielle et sa réapparition avant cette nouvelle période électorale sème le trouble. Un membre du cabinet du président m'a demandé de le tenir informé en temps réel, Julien Espar était proche de Tarin, il devait en faire un ministre, il ne souhaite pas de tempête médiatique, vous comprenez ? 

- Non, pas vraiment, on arrête ou on continue ? 

- Il n'est pas question d'arrêter, mais agissait en douceur et laissait tranquille les Tarin, OK ? 

- Ce n'est pas à vous monsieur le procureur que je vais apprendre que la majorité des coupables se trouvent dans l'entourage des victimes, y compris l'entourage familial... 

- Oui bon, pas chez ces gens là! Donc je veux un rapport journalier, au revoir capitaine ! 

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