UN CADAVRE DANS LES ASPERGES, chapitre 9

Publié le par Gérard PIEL

UN CADAVRE DANS LES ASPERGES, chapitre 9

Paul fut surpris d'être attendu à l'aéroport par deux policiers. Un véhicule aurait dû d'abord l'amener chez Claudia, mais sans protester, il s'installa à côté du capitaine qui avait laissé le volant à Raphaël. La voiture de location suivrait la banalisée. 

- Nous voulions avoir votre sentiment sur cette réapparition pour le moins bizarre ! 

- Alors là, je n'ai rien à vous dire. Quand j'ai reçu votre message, j'ai appelé Claudia qui m'a confirmé que ce n'était pas une blague. Vous savez, notre père nous a donné les bonnes armes pour entrer dans la vie. Je ne m'attendais pas à le revoir après cinq ans, encore moins dans ces conditions. 

- Vous étiez proche de lui ? 

- Bien-sûr, il nous faisait confiance à Jean et moi, il nous avait pratiquement donné les clés de la compagnie, lui s’investissait en politique. Jean à l'international avec notre continent fétiche l'Afrique et moi à Paris pour gérer les sociétés et le personnel. Franchement, passé les premiers mois après sa disparition, nous avons bien bossé, la Compagnie Tarin SA et ses holdings ne se sont jamais si bien portées ! 

- On peut dire qu'en disparaissant votre père a développé ses entreprises ? 

- Là vous ironisez, nos relations avec notre Mauro ont toujours été empreintes d'amour et de respect. Notre père n'était pas quelqu'un de démonstratif, mais il savait faire passer ses émotions, sa bienveillance dans un regard, un geste. La séparation avec notre mère a été pour nous un déchirement, surtout qu'il l'avait exilée de l'autre côté de l'Atlantique et que nous n'avons pas pu la voir pendant toute notre adolescence. 

Claudia n'a pas tenté d'être une maman de substitution, elle est restée à sa place et c'est tant mieux. 

- Vous ne semblez pas beaucoup l'apprécier ? 

- Quand votre père envoie votre mère au bout du monde et la remplace par une femme qui n'a que quelques années de plus que vous, effectivement, cela a rendu le début de notre relation compliquée, d'autant que Mauro nous interdisait d'aller à Saint-Bart ! 

Avec Jean, nous nous sommes plongés dans les études, on a fait le tour des écoles de commerce, Cambridge, Singapour, Harvard, notre père finança un véritable tour de monde des Business School! 

Après six mois où nous avons découvert tous les métiers de la compagnie, nous avons intégré la direction. 

- Et vos relations avec votre belle-mère se sont normalisées ?

- Ma belle-mère, comme vous dites, a séduit mon père, littéralement ! On l'a vu changer en quelques jours, à plus de quarante ans il avait des comportements de gamins, sport, vêtements, voiture, bouquins, c'était un autre Mauro, il nous parlait comme si on était des potes. Il avait installé Claudia dans un appartement de la vieille-ville d'Antibes, habituellement réservé aux partenaires éminents. Ma mère passait sur ses incartades, mais elle a compris que c'était sérieux. 

On peut dire que Mauro a fait les choses correctement si on ne tient pas compte des sentiments, ma mère vit à Saint-Bart, ce n'est pas la Sibérie, elle a refait sa vie, elle n'a jamais travaillé et la dernière fois que je l'ai vue, elle m'a dit que si c'était à recommencer elle accepterait ! Comme quoi la mémoire est sélective.

- Claudia a-t-elle son mot à dire dans la compagnie ? 

- Non heureusement, elle siège dans deux conseils d'administration, mais sans pouvoir, parcontre Mauro l'a gâtée bien plus que notre mère. Elle peut vivre plusieurs vies dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui, elle a créé une holding immobilière pour gérer la propriété de Mougins, les appartements de la Croisette et des Remparts à Antibes. Avec elle, le chagrin ne dure pas. 

- Vous voulez dire qu'elle n'aimait pas votre père ? 

- Non, elle l'a certainement aimé, mais à sa disparition il restait sa fortune, vous comprenez ? 

-OK, vous serez convoqué en bonne et due forme, n'oubliez pas de venir avec les documents de votre compagnie concernant ce que vous venez de me dire. Demain dix heures ?

- Pas de problème ! 

- Votre frère compte rentrer en France ? 

- Il sera là pour les obsèques, justement, quand pensez-vous que nous pourrons récupérer le corps? 

- Non, il faut qu'il revienne vite ou nous allons être obligé de lancer un mandat d'arrêt, cela marquerait mal!

- Je l'appelle, il va revenir, ne faites pas cela. 

- Très bien, on peut vous laisser ici, votre véhicule va vous récupérer, au fait vous logeait chez Claudia ? 

- Non? je dispose d'un appartement à Cannes, mon frère habite aux Adrets dans le Var, mais je suis sûr que vous le saviez déjà. 

Maris ne put répondre son portable carillonna :

- Capitaine, il faut vite venir, il y a du nouveau, bouge ! 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article