La Fête de l'amitié aux Eucalyptus !

À la fin des années soixante dix, début des années quatre vingts, les communistes d'Antibes Juan les Pins organisaient la fête de section sur le terrain de Tourisme et Travail au quartier des Eucalyptus. 

Nous avions calé le week-end de la fête une semaine avant l'ouverture du camping, cela nous permettait d'utiliser les installations (cuisine, toilettes, espaces pour les spectacles et les bals...) ainsi nous mettions les équipements en fonction.

Je reviendrai après le confinement sur cette période qui était riche en événements politiques, avec Jean-Jacques Cassar, Édouard Pérez, René Truc, Illide Dauga, Alain Bruno et bien d'autres, nous pensions chasser la droite et Giscard du pouvoir. 

Le même week-end se déroulait le tournoi sixte Nelson Mandela au stade Gilbert Auvergne. Aujourd'hui je me contenterai de quatre anecdotes :

1979, nous avons accueilli Leny Escudero, cette soirée a été une grande réussite, le créateur de "Pour une Amourette" et de bien d'autres chansons à, non seulement répondu aux rappels successifs terminant un tour de chant de deux heures par le Temps des Cerises, mais il est resté avec nous, partageant la soupe à l'oignon qu'il a accompagné de sa guitare jusqu'au lendemain matin. 

1980, nous avions réussi à attirer Juliette Gréco, les contrats étaient négociés avec une boîte de production proche du PCF, nous étions satisfaits d'annoncer pour la première fois depuis plusieurs années Juliette Gréco chante sur la Côte d'Azur ! 

Bien que nous nous attendions à la grande foule, les réservations dépassaient nos espérances. 

Trois jours avant le début de la fête, la production me demanda si la question du piano était réglée ! 

On n'avait pas lu tout le contrat, mais on a réussi à trouver un piano, ouf ! 

- Quel genre ? Me demande le producteur. 

- Droit. 

_Non, non il faut un piano à queue! 

Là , c'est la catastrophe, on est vendredi et il faut l'engin pour le lendemain. Je passe les détails, in-extrémis nous avons fait venir de Marseille un demi-queue, je ne savais même pas que cela existait, il a fallu un camion et un accordeur, la facture en a pris un sacré coup. 

La salle était archi-pleine, Juliette Gréco nous a donné une dernière suée quelques minutes avant d'entrée en scène, en réclamant du vin blanc et pas n'importe lequel, cela aussi nous l'avons trouvé et ce fut un triomphe. 

1981,la fête se déroule dans la foulée de l'élection de François Mitterand, un espoir un peu fou règne à ce moment là, les débats se projettent dans un futur fait de progrès et de bien-être, comme chaque année le discours des communistes est attendu à l'occasion de l'apéritif d'honneur traditionnellement offert par Ricard. 

Ce dimanche à midi il y avait beaucoup plus de monde que les autres années et qu'elle fut notre surprise de voir arriver Paulette Mas, adjointe du sénateur-maire Pierre Merli. Madame l'élue m'a expliqué qu'elle avait un discours du maire à nous lire, après concertation nous lui avons donné la parole, à plusieurs reprises elle a insisté sur l'amitié entre Merli et Mitterand. 

Élu conseiller municipal en 1983, j'ai retrouvé Paulette Mas au conseil qui m'a avoué qu'elle était venue la peur au ventre, elle était sûre que nous ne la laisserions pas parler. Bien que complètement opposé politiquement, j'ai toujours eu des relations courtoises avec elle. 

Notre tournoi Nelson Mandela est vite devenu une référence pour les jeunes d'Antibes et des communes avoisinantes, les différents quartiers formés leurs équipes, les récompenses étaient symboliques, cela donnait une occasion aux jeunes de côtoyer des communistes, de signer des pétitions pour Nelson Mandela, en faisant le plein de préservatifs que nous distribuions. 

Une équipe de la police participait chaque année au tournoi. C'était assez drôle de les voir partager le Pré avec des jeunes dont certains étaient plutôt en marge, de l'avis des policiers, le week-end du tournoi était un des plus calme sur Antibes.